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La lecture partagée et la réussite scolaire

           L’un des facteurs déterminants de la réussite scolaire sont les capacités de lecture.  Plusieurs études mettent en lumière l’importance de développer ces aptitudes des l’âge de trois ans.  Les parents peuvent contribuer grandement à bien préparer leurs enfants à cet apprentissage.

            La lecture partagée consiste à poser des questions à l’enfant pendant la lecture d’une histoire.  La participation active de l’adulte favorise le développement des aptitudes de compréhension de texte.  Cette pratique est pertinente, parce que même si les enfants d’âge scolaire savent bien décoder les mots, certains se retrouvent aux prises avec des difficultés de compréhension de textes.

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            Une façon efficace de développer les compétences nécessaires à l’apprentissage de la lecture consiste à travailler les inférences.  Le fait de savoir lire entre les lignes contribue à la compréhension d’un texte lu.  L’inférence est donc un raisonnement.  Par exemple : La maman qui regarde par la fenêtre et dit Oups ! Nous aurons besoin d’un parapluie, exprime l’idée qu’il pleuve mais sans parler de pluie.  L’enfant qui l’entend devine qu’il pleut, sans avoir lui-même regardé dehors. Il fait appel à son vécu pour faire le lien logique entre parapluie et pluie.  De la même façon, lors d’une lecture partagée, la réponse ne se trouve pas nécessairement dans le texte.  L’enfant doit réfléchir et faire des déductions en utilisant son vécu pour la trouver.

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             En lecture partagée, l’adulte perd son rôle de fournisseur d’explications.  Il dirige plutôt l’enfant vers des questionnements.  Par exemple, lors de la lecture d’une histoire, l’enfant pourrait entendre : La petite fille arrêta son choix sur la robe citron.  Il pourrait en déduire que la robe est en forme de citron.  Au lieu de donner une explication, l’adulte pourrait offrir des pistes de questionnement du genre : Regarde, la petite fille peut choisir entre plusieurs robes.  Il y en a une rouge…comme une fraise.  Alors de quelle couleur pourrait être la robe citron ?   En réfléchissant un peu, l’enfant arriverait à trouver que la robe est jaune, et pas en forme de citron. 

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              Pour un plus vieux, cet exemple tiré d’un article de Québec français explique bien comment faire :

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Adulte : « Dans le ciel, la fillette pouvait voir le doux visage de la lune dans sa cape de velours noir piquée d'étoiles. »

                - Hein Jamal, c'est quoi ça la cape de velours noir piquée d'étoiles ?

Jamal : Je l'sais pas.

Adulte : Attends, on va s'aider. La petite fille regarde le visage de la lune. Est-ce que tu vois la lune ?

Jamal: Oui.

Adulte: Montre-moi avec ton doigt la lune.

Jamal : (pointe la lune).

Adulte : Ah, et elle regarde le visage de la lune qui est DANS sa cape de velours noir piquée d'étoiles. C'est quoi la cape de velours noir piquée d'étoiles de la lune ?

Jamal : Le ciel.

Comment formuler les questions?

        Avec un enfant plus jeune, on peut commencer la lecture partagée dès l’apparition de la parole et de l’intérêt pour les livres (vers 18 mois). Il peut choisir lui-même l’histoire qu’il veut entendre.   On peut le laisser regarder les images pour ensuite décrire ce qu’il voit et donner son opinion sur le sujet du livre.  On peut lui demander de pointer des éléments, et selon son niveau de développement, d’imaginer des scénarios lorsque l’histoire n’en parle pas.  Par exemple,  Que font les poules dans le poulailler d’après toi ?  

                 On peut aussi lui demander de fournir le mot manquant Les trois petits co… Remplacer le nom des personnages par le sien et ceux des gens qu’il connaît et suivre les phrases du doigt pour lui indiquer le sens de la lecture.  La lecture terminée, on peut lui demander d’inventer une autre fin, ou de continuer l’histoire. Mettre l’accent sur certains mots, faire des voix différentes pour les personnages et faire des gestes correspondant au texte aide le petit a mieux comprendre l’histoire, et à y prendre plaisir!

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                  Pour un plus vieux, 3 à 5 ans, faire un lien entre l’histoire et son vécu lui permet de s’intéresser au récit jusqu’à la fin et de participer activement à la lecture.  Les événements qui font partie de son vécu peuvent lui servir de référence dans l’élaboration d’une réponse. 

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                  On peut proposer quelques questions faciles pour que l’enfant puisse vivre des succès et avoir envie de lire jusqu’au bout.  Les questions qui portent sur les illustrations offrent cette possibilité.  On peut faire nommer des couleurs ou compter des objets, par exemple.  Toutefois, il est important que le plus grand nombre de questions demandent de faire des inférences.

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Les questions posées à l’enfant peuvent ressembler à ceci :

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  • Comment se sent le personnage lorsque le problème arrive ?

  • Quel est le problème du personnage ?

  • Qu’est-ce que le personnage veut ? Que cherche le personnage ?

  • Que va-t-il se passer après ?

  • Qu’est-ce que le personnage pourrait faire pour résoudre son problème ?

  • Qu’est-ce qui a fonctionné finalement ?

                        Des exemples plus concrets:

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  • À quelle saison se passe l’histoire ?

  • Pourquoi le personnage est-il fâché, tu penses ?

  • Que veut dire le mot terrifié ?

  • Pourquoi le personnage crie-t-il ?

  • Crois-tu que le personnage soit joyeux ? Comment le sais-tu ?

  • Qu’est-ce qu’il y a dans le sac du personnage selon toi ?

  • Pourquoi le personnage met-il cet objet dans sa poche ?

 

                    Toute question qui provoque une réflexion qui dépasse les limites du texte est bonne à poser.  

                    En lecture, une inférence n’a pas toujours à être juste.  C’est parfois une hypothèse (la prédiction de l’enfant sur la suite de l’histoire avant d’avoir terminé la lecture, par exemple), qui sera prouvée ou corrigée plus tard en cours de lecture.  Il importe d’inviter l’enfant à utiliser les images, ainsi que ses connaissances et son vécu afin de formuler la meilleure hypothèse possible par rapport au contexte.  Éviter de poser un jugement négatif sur ses réponses peut favoriser la progression de l’enfant dans un environnement sain et agréable .

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                     Il est bon de garder à l’esprit que les réponses des enfants plus jeunes peuvent être moins précises que celles des enfants de cinq ans, parce que leur développement cognitif peut être moins avancé, et que leur bagage d’expériences est peut-être plus limité.  Ces réponses plus floues sont tout aussi acceptables. Par exemple, à la question pourquoi les cochons vivent-ils dans un enclos, un enfant de quatre ans pourrait répondre parce qu’ils aiment la boue, alors que l’enfant de cinq ans dirait pour les empêcher de se sauver.  Il est toutefois bon de proposer une réflexion plus poussée à un enfant qui donne une réponse moins précise dans le but de faire progresser sa pensée.   L’important est de maintenir une ambiance agréable afin que l’enfant se sente à l’aise de proposer des réponses, et qu’il développe le goût de la lecture.

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Bon tête-à- tête!

Les enfants qui présentent des difficultés langagières seraient plus à risque de présenter des difficultés de compréhension des inférences dès leur jeune âge, compromettant par conséquent leur réussite éducative plus tard.

Références

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Makdissi, H., Boisclair, A. & Sanchez, C. (2006). Les inférences en lecture : Intervenir dès le préscolaire. Québec français, (140), 64–66.

 

Stimuler la compréhension des inférences avant l’apprentissage de la lecture.  Paméla Filiatrault-Veilleux.

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La compréhension d’inférences : comparaison des habiletés d’enfants de quatre et de cinq ans en lecture partagée.  Chantal Desmarais, Marie-Claude Archambault, Paméla Filiatrault-Veilleux et Geneviève Tarte

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Naître et grandir, référence : FERLAND, Francine. Raconte-moi une histoire : pourquoi? Laquelle? Comment? Éditions du CHU Sainte-Justine, Montréal, 2008.

 

Comment utiliser les livres pour stimuler la compréhension du langage chez les enfants de 3 à 6 ans.

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